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djhector

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Je suis : Un Bidonaute

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j'ai rencontré un jour verchuren l'homme m'a impressionné à 80 ans, coment fait-il pour avoir encore une telle maitrise de son instrument ?

Un sang d'encre


«Le fragment, genre décevant sans doute, bien que seul honnête » E-M. Cioran


Finalement, les brûlures d'estomac n'ont pas manqué. On n'a pas eu à réclamer, à demander notre reste. On aura connu le désert sans être jamais sorti de chez soi. Des appartements sont à vendre, mais je me suis expulsé de moi-même. J'ai des carnets de commande à chier partout, je vends mon chiffre d'affaire. Ma réussite est insolente. J'imprime la marche à suivre. Je ne vous dirai pas ce que je pense.


Comme les rouages d'une mécanique qu'il faudrait frapper à grands coups de marteau, l'esprit de l'homme a besoin de vivre en état de perpétuelle surchauffe. Il faut marquer notre cerveau au fer blanc de la lucidité et du manque de tout. Il faut se mettre en état de Passion, se mettre sur une croix et attendre le supplice. Il faut savoir quitter la vie dans un élan d'auto-combustion spontanée et irréversible. Je m'aime et je suis en feu. Il faut sentir que ça se déchire à l'intérieur, que les muscles s'étirent au-delà du raisonnable. Il faut apprendre à domestiquer la peur de l'éclatement total de tous ses viscères. Se considérer absolument comme en état de catastrophe naturelle. Se déclarer comme totalement abandonné par les autres et ne pas avoir peur de culpabiliser tout le monde. Mettre le poids de sa propre mort sur la balance. S'oublier maladroitement dans le tiroir de sa boîte à gants. S'apercevoir que l'on s'est littéralement décomposé sous l'effet de la chaleur. Ramolli comme un os plongé dans l'eau chaude. Répandre le fumet délicat de la viande uniformément rôtie dans le bouillon de sa friture. Etre assis quelque part dans une posture de profonde solitude. Marquer d'une croix blanche le moment où les charognes viendront piquer du nez pour se délecter de notre chair. N'en demander pas tant.


Ton haleine chaude me lèche le visage. Il me suffit de te voir arriver avec tes jambes, tes bras et tes mains pour que je m'imagine que tu es venue m'apporter une alternative à l'existence. Le travail, cet impôt que tu paies à la mort, te fatigue assez pour que tu veuilles te venger en aimant. Après l'amour, tu te reproches d'avoir survécu aux efforts que tu as déployés dans l'espoir de te défoncer, d'abîmer ce qui en toi s'éternise, tellement tu voudrais parfois t'incendier par endroits. La survie qui suit l'amour est le pire moment à passer, un terrible aveu d'échec. C'est l'horrible perspective d'avoir à continuer. Notre amour serait parfait si seulement je daignais mourir.


Lisez ce livre. C'est très important. Il en va de ma propre vie, de mon avenir, de mon sang. Parce que dans la vie, il faut faire quelque chose pour avoir le droit de continuer à vivre. Tant que l'on a rien fait, que l'on a rien écrit, on n'est rien. Je ne suis rien. Prouvez au monde le contraire. Lisez ce livre.
Il est des moments dans la vie où il faut présenter des rapports, où il faut rendre des comptes, se justifier, prouver qu'on est bien là pour quelque chose. Faire acte de présence. J'ai plutôt envie de me la couler douce. Ma paresse est une angoisse, une paralysie, une honte. Je m'enlise dans le dégoût que j'ai de moi-même, mais je ne peux pas faire autrement. J'écris pour me donner un semblant d'existence, d'amour-propre, d'honneur. En fait, je me liquéfie.


Me pencher sur mon sort, me défenestrer via mes abîmes.


Quand tu étais petite fille, ton sourire était pur, même sous la pluie (les enfants n'ont jamais froid). Lorsque tu reviendras, je n'aurai aucune colère. Tout sera pardonné. Tout sera comme un début. J'ai de sacrées réserves de patience. Et un peu d'amour pour les garces.


Du plus loin que je me souvienne, je ne crois pas avoir entendu une seule fois mon cœur ronronner. Mes mots n'ont jamais fait pleurer personne. J'ai un cadenas au bout du gland. Je n'allume plus les cigarettes, je me contente de me brûler la bouche avec le feu que me procure l'absence de tes lèvres. Je vends ma poésie à ceux qui ne peuvent pas se la payer. Attendre d'une femme qu'elle vous soit toujours fidèle, c'est lui réserver la pire des servitudes, c'est accrocher mon cœur à son cercueil. Quand on ne sait plus quoi dire pour faire avancer les choses, quand on ne sait plus dans quel mur écraser ses mots. Dans ce train de la mort, l'amour occupe tous les compartiments.


J'aimerais te manger comme le feu dévore le bois.


L'amour ne sert à rien si on n'est pas foutus d'aimer tout le monde, si on n'est pas foutus de pleurer pour une mouche.


Par amour pour moi, tu pourrais passer ta vie à détruire toutes les photos qu'on a pu prendre de moi. Pour que plus rien ne vienne témoigner contre moi. Que plus rien ne vienne prouver que j'en suis bel et bien passé par là.


Mon cerveau aspire au néant comme la poussière attend l'aspirateur.


Je me venge du peu de satisfaction que m'apporte la vie en rendant mon écriture systématiquement décevante.


Ma ligne de vie se cicatrise.


Permettez-moi de ne pas danser au moment où la musique se fait plus romantique. Rester en surface de son corps, ne pas voir plus loin que le bout de son nez. La solitude est un délice auquel on finit par s'habituer, et l'amour vient alors nous déranger, comme un cheveu sur la soupe, dans notre cathédrale de néant. On avait à peine commencer à se réduire en cendres qu'une femme arrive et se prétend de taille à continuer l'incendie…


Demain se fera sans moi. Croissant chauds et café au lait se feront sans moi. Je refuse de prendre la ligne de départ d'un autre jour, d'une autre mort au programme de ma vie. Le matin, les femmes réorganisent leur beauté, anéantissent tout le travail de laideur de la nuit. La vie, c'est ne jamais cesser de travailler pour cette pute qu'est le jour. Ma vie, c'est de ne jamais réussir à trouver l'interrupteur du soleil.


Ca sent les organes en pleine mutation, ici. Ca sent les hormones qui n'ont pas encore eu le temps d'aller prendre l'air. Ca sent l'adolescent qui ne s'est pas encore fait décalotter.


Je voudrais qu'elle soit sensible à la douleur du monde, au mal aussi qu'il me fait. Mais je ne fais que gêner sa lecture. Cette chose rare que le bus exceptionne. Sa tête est toujours en exergue, sous l'horizon…


Je ne sais pas aimer sans me niquer au minimum un organe. Je ne sais pas aimer une fille sans qu'elle finisse à l'hôpital. Je ne vois pas pourquoi je me défoncerais. Je n'ai vraiment aucune raison de me défoncer. Ma vie est une défonce permanente. Des extases à tous les coins de rue. Des éclats lumineux à chaque poignée de main. Je ne vois pas pourquoi j'irais chercher ailleurs, le rêve que je garde à l'intérieur. Je mange le paradis à même le fruit.


Un garçon qui se décide à écrire des poèmes est décidément bel et bien foutu. Il sait qu'il est condamné par avance au ridicule. Tout comme sa laideur peut prêter à sourire. Chaque goutte de sang doit trouver sa blessure. L'amour est un prétexte un peu facile pour condamner notre solitude à sa nature gigogne. Notre peau n'en demande pas tant. Aimer, c'est tourner la clé un peu vite, alors que j'aurais préféré laisser ta beauté soigneusement rangée à l'intérieur. Ma prétention à t'aimer me fait rire quand elle ne me fait pas pleurer. C'est un piège pour enfermer le soleil, c'est un assoiffé de larmes qui compte sur l'amour pour étancher son vice. Ne l'écoute pas, il a mérité sa tristesse. Ta beauté aurait du le rassurer. Il aurait voulu accompagner tes nuits, atténuer la moindre de tes douleurs. Il n'a rien fait d'autre que te contempler. C'est un soldat sans armes, un enfant qui ne sait plus crier. Le monde espère le débusquer un jour en plaçant l'amour à l'entrée de son terrier. L'orage n'épargnera pas celui qui vit sans toit.


Aller assez loin dans le souvenir pour espérer te retrouver. Tu habites plus intensément l'univers de mes nuits depuis que tu as déserté celui de mes jours. Fille d'Espagne et de nulle part. La couleur de tes cheveux m'est un pays inconnu, l'encre noire de mon cœur. Si tu savais l'étendue du bonheur dont tu détiens la clé… A partir de toi, le tracé de ma vie s'arrête pour se continuer en toi. La tristesse est la source de mon bonheur, la sève intarissable de ta beauté. L'amour est ce jeu dont on n'a jamais pu comprendre les règles. Toi, et ce chat qui dort avec toi. Toi, et tes yeux si noirs que la lumière ne peut y faire effraction. Et moi, qui n'ai accès à rien, puisque tu as pris soin de tout ranger avant d'aller te coucher. Où puiser assez de forces pour continuer à vivre sans toi ? Et comment espérer que la vie ait pu laisser d'autres bouts d'amour éparpillés sur la surface de la Terre ? Comment ne pas finir par croire que tu es le centre du monde, l'objet de tous les hommages que rend la musique ? Je sais que je suis fou, que l'amour n'est pas le meilleur moyen d'aimer quelqu'un, mais je sais aussi que c'est l'unique moyen de calmer ma douleur. Puisqu'on ira de toute façon grossir le ventre des choses, puisque la terre est bien décidée à nous manger. Je veux entendre le bruit que fait ton corps lorsqu'il se cogne à quelque chose, découvrir qu'il tient un peu à moi. Je veux te sentir fébrile, à deux doigts de claquer dans mes bras. Je veux que tu saches à quel point mon amour te fait vivre. Ta bouche est bien plus effrayante que ton sexe, et l'espérance est plus longue de la voir s'ouvrir un jour. Je suis mort enseveli sous la neige à force d'attendre. Mais l'amour s'est envolé depuis longtemps.


Mes amours sans lendemain me laissaient dans la bouche un arrière-goût d'éternité. Des après-midi passées à me demander où t'étais passée, à te chercher comme un assoiffé a besoin d'eau fraîche. Mais c'était le maximum qu'un animal pouvait espérer.


Rien n'est plus beau qu'un secret bien gardé. Ecrire, c'est remuer l'eau qui dort, rouvrir sans cesse le dossier d'un passé trop lourd à digérer. Etouffer l'affaire, éviter que la rumeur ne se répande. Ma vie est un scandale.