L'ombre s'évapore
Et déjà l'aurore
De ses rayons dore
Les toits alentours
Les lampes pâlissent,
Les maisons blanchissent
Les marchés s'emplissent :
On a vu le jour.
De la Villette
Dans sa charrette,
Suzon brouette
Ses fleurs sur le quai,
Et de Vincennes,
Gros-Pierre amène
Ses fruits que traîne
Un âne efflanqué.
Déjà l'épicière,
Déjà la fruitière,
Déjà l'écaillère
Sautent à bas du lit.
L'ouvrier travaille,
L'écrivain rimaille,
Le fainéant baille,
Et le savant lit.
J'entends Javotte,
Portant sa hotte,
Crier : Carottes,
Panais et choux-fleurs !
Perçant et grêle,
Son cri se mêle
A la voix frêle
Du noir ramoneur.
Le joueur avide,
La mine livide,
et la bourse vide,
Rentre en fulminant ;
Et sur son passage,
L'ivrogne, plus sage,
Rêvant son breuvage,
Ronfle en fredonnant.
Gentille, accorte
Devant ma porte
Perrette apporte
Son lait encore chaud ;
Et la portière,
Sous la gouttière,
Pend la volière
De Dame Margot.
Le malade sonne,
Afin qu'on lui donne
La drogue qu'ordonne
Son vieux médecin ;
Tandis que sa belle,
Que l'amour appelle,
Au plaisir fidèle,
Feint d'aller au bain.
Dans chaque rue,
Plus parcourue,
La foule accrue
Grossit tout à coup :
Grands, valetailles,
Vieillards, marmailles,
Bourgeois, canailles,
Abondent partout.
Ah ! quelle cohue !
Ma tête est perdue,
Moulue et fendue,
Où donc me cacher !
Jamais mon oreille
N'eut frayeur pareille…
Tout Paris s'éveille…
Allons nous coucher.
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C'est la chanson "Tableau de Paris à cinq heures du matin", écrite en 1802, par Marc-Antoine Désaugiers et chantée par Francis Lemarque, Renée Jean ou Catherine Maisse qui a inspiré Jacques Lanzmann pour écrire la chanson "Il est cinq heures Paris s'éveille" de Jacques Dutronc.
Il y a un peu de confusion sur cette fiche : le titre qu'on entend a été enregistré en 1994 (EPM, NX2105). La pochette présentée est celle d'un disque de 1988 où figure une version différente de ce morceau. Quant à la date de 1956, je ne vois pas à quoi elle correspond…
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