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Titre : Le père Lapurge-Noël
Interprète : René Binamé
Année : 1998
Auteurs compositeurs : Constant Marie - René Binamé
Pochette : Herr Seele
Durée : 2 m 8 s
Label : AREDJE - Archives de la Zone Mondiale
Référence : arl.032
Présentation : L'explication de la teneur des paroles de ce morceau se trouve dans le texte d'introduction que René Binamé nous offre dans le livret et que nous donnons ci-dessous :
Non, non rien n'a (encore) changé… Période privilégiée dans l'horreur des convivialités préfabriquées, des étreintes convenues et des souhaits désenchantés, le mois de décembre sera à nouveau l'occasion de culpabiliser le travailleur/chômeur du côté du fond de son porte-monnaie, puisqu'il faut qu'il crache ses dernières pièces avant de se resserrer la ceinture de plus belle, à moins bien sûr qu'il n'aie déjà dû revendre sa ceinture. Il devient dans ce cas le client rêvé des commandos larmoyants de l'assistanat caritatif, porteur de l'espoir fou d'un monde enfin régi par les Restos du Cœur et l'Armée du Salut.
Surabondance et privation, les deux faces d'un même chantage, celui qui nous force à faire sonner le réveil matin, premier flic de la journée. Au moment même où les supermarchés s'apprêtent à étaler aux yeux du chaland des kilos de marchandises frelatées au luxe misérable, tels le saumon plastifié et le foie gras truffé d'illusions, des cohortes de vigiles et de faux-clients vrais-salauds seront engagés au rabais pour assurer la sécurité du commerce et la bonne marche des affaires. Car on le sait, ne festoiera pas qui veut: les plats passeront au-dessus de la tête de la majorité, d'autres devront se convaincre du bonheur à mâchonner des ersatz comme le restant de l'année, tandis que là où les plats repassent toujours, vu que la machine tourne pour eux, " la clique des affameurs de l'Univers ", il sera de bon ton de se vautrer plus que d'accoutumée dans l'obscénité de privilèges en sursis.
Ceux qui se scandalisent écologiquement du gavage des oies voient rarement que le vrai gavage est notre propre lot quotidien: quand les gérants démocrates nous annoncent un budget social, comme si c'était une bonne nouvelle, quand les humanistes prônent un capitalisme à visage humain, comme si le capitalisme pouvait être autre chose que la négation de l'humain, quand la presse s'offusque que des " casseurs viennent gâcher les manifestations lycéennes " en France en cette fin '98, comme si chaque seconde de notre vie n'était pas déjà gâchée, dans ce monde dont la presse est fidèle complice. Rien n'a changé, et tout reste à renverser…
Foutue marchandise de fêtes de fins d'année que vous tenez donc là en main… Diffuser des disques sans les vendre comme nous l'avons fait à plusieurs reprises n'enlève d'ailleurs rien au fait qu'ils ont bien dû être payés (fût-ce par des " prestations scéniques " vaguement défrayées), et même pas à ceux qui les fabriquent ou les distribuent, mais à leurs employeurs. La vente n'est que le dernier maillon de cette grande chaîne de l'arnaque où tout qui travaille se fait déposséder de sa vie, au profit de ceux qui à l'autre extrémité de la chaîne en récoltent les dividendes. L'argent ne sert pas à autre chose. Voilà de quoi le Père Lapurge voulait déjà " débarbouiller l'horizon ", et faire place pour tous au festin.
René Binamé…
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Reprise de la chanson "La Purge" de l'auteur anarchiste Constant Marie dit "Le Père Lapurge" (1838-1910).
Seul le premier couplet est changé, le texte original étant :
Je suis le vieux père Lapurge, pharmacien de l'humanité
Contre sa bile je m'insurge avec ma fille Égalité
J'ai ce qu'il faut dans ma boutique sans le tonnerre et les éclairs
Pour bien purger toute la clique des affameurs de l'univers.
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