En 1939, Mireille et Jean Nohain le disaient déjà :
Tant pis pour la rime
Tous les poètes au clair de lune
Depuis des siècles font rimer
Blonde avec monde
Brune et fortune
Amour, toujours
Aimer, pâmer
Caresse, ivresse
Et rose éclose
Je veux changer toutes ces choses
Je ferai rimer s'il me plaît
Amour avec chapeau
Toujours avec jamais
Je veux aimer ce soir
Un jeune homme aux yeux verts
Si ses yeux étaient noirs
Ça ferait un plus beau vers
Je veux le cœur en fièvre
L'embrasser sur les joues
J'devrais dire sur les lèvres
Mais, dame, chacun son goût
Tant pis si c'est un crime
Je me fous de la rime
Je veux le cœur en fièvre
L'embrasser sur les joues
Je veux jusqu'à demain
Lui caresser les pieds
Je devrais dire les mains
Ce serait plus régulier
Tant pis si c'est un crime
Je me fous de la rime
Je veux jusqu'à demain
Lui caresser les pieds
Na !
Il suffit que Margot soit brune
Pour qu'on l'emmène au clair de lune
Mais si ses cheveux sont châtains
Ça se passe au petit matin
Et si la pauvre fille est blonde
On l'expédie au bout du monde
Tous les deux avec mon Gaston
Nous n'faisons jamais d'vers
Et nous nous en foutons
Gaston ce soir en douce
M'attend sur le pavé
J'devrais dire sur la mousse
Hé ! Il n'en a pas trouvé
Quoique je l'idolâtre
Il me bat comme un chien
Je devrais dire comme plâtre
Mais ça n'arrange rien
Tant pis si c'est un crime
Il se fout de la rime
Quoique je l'idolâtre
Il me bat comme un cbien
Pour calmer ma douleur
Il m'a donné des frites
Oh, si c'était des fleurs
Ce serait plus poétique
Tant pis si c'est un crime
Je m'en fous de la rime
Pour calmer ma douleur
Il m'a donné des frites
Pourtant on est heureux
Sous un ciel toujours gris
Pourquoi pas toujours bleu ?
Parce qu'on habite Paris
Il a conquis mon cœur
Avec ses yeux de travers
Avec des yeux vainqueurs
Ça ferait un plus beau vers
Tant pis si c'est un crime
Je me fous de la rime
Il a conquis mon cœur
Avec ses yeux de travers
Mais la fin du poème
La fin sera quand même
Sera toujours la même
On se dira je t'aime
Et puisque c'est un crime
Gardons la vieille rime
A la fin du poème
Je lui dirai ; j't'adore