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Fiche disque de ...



Docteur Louis Bertagna - La dépression cette inconnue

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Titre : La dépression cette inconnue


Auteurs compositeurs : Louis Bertagna


Durée : 10 m 21 s


Label : Medicographie


Référence : P.A.I.



Présentation : Publication concernant la dépression. Le disque semble être sorti pour faire la promotion d'un médicament, l'Arcalion 200. A noter que les exemples concrets donnés par le bon docteur Bertagna semblent venir d'un autre temps.

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Paroles

[Le journaliste] Monsieur, quelle est l'importance de la dépression mélancolique en psychiatrie ?
- Considérable. Pour deux raisons. Sa fréquence, car elle touche en France 1 % de la population environ, et beaucoup plus dans les milieux de haut niveau intellectuel, spirituel, artistique. Et capitale, parce que la mélancolie est l'expression la plus typique de la dépression.
- Précisément, pouvez-vous nous dire ce qui différence la dépression mélancolique des autres dépressions ?
- Il y a plusieurs différences, mais l'une est essentielle : à l'inverse de ce qui se passe dans les autres dépressions, où la modification du moins est partielle et la notion d'état dépressif est perçu par le sujet, il y a, dans la dépression mélancolique, une transformation profonde de la personnalité qui se fait à l'insu du malade, il n'en est pas conscient et il pense qu'il est vraiment et fondamentalement ce qu'il croit être. La vision désespérée qu'il a alors de lui, de sa non-valeur morale, de son incapacité intellectuelle et professionnelle, son sentiment de désespoir quant au sens de sa vie, parfois même plus généralement quant au sens de la vie, tout cela lui semble l'objectivité même, alors que c'est la dépression qui lui fait tout voir en noir. C'est parce qu'il pense tout en noir qu'il a, à la rigueur, le droit d'être déprimé, alors que la vérité est exactement l'inverse. C'est parce qu'il est déprimé qu'il voit tout en noir. En fait, la seule satisfaction, il n'en a pas d'autre, et Dieu sait si elle est amère, la seule satisfaction du mélancolique est son sentiment de lucidité : plus il voit les choses en noir, et plus il lui semble qu'il y voit clair.
- Pouvez-vous tout de suite et très concrètement nous donner un exemple d'état mélancolique ?
- Volontiers. M. X est un homme que je connais bien, c'est le beau-père d'un de mes amis. C'est un homme dynamique qui a créé de toute pièce une industrie de meubles. Un jour, son gendre me téléphone, catastrophé. Depuis une semaine, dans la famille et dans l'entourage, on ne reconnaît plus M. X. Il se crispe sur les moindres difficultés de son entreprise pour en faire autant de preuve que tout est perdu et que la faillite est au bout des difficultés. L'aspect de l'homme est impressionnant. Son visage est tendu, figé, presque parkinsonien. Son regard est apeuré. Mais l'intelligence reste bonne et la logique se déploie avec une grande rigueur. Notre homme explique qu'il fabrique des meubles de bureau en bois, que l'ère des meubles de bureau en bois est terminé, tous les bureaux désormais sont métalliques, donc l'affaire est fichue. Il a d'ailleurs déjà appris à sa femme de congédier le couple valet de chambre-cuisinère qui est naturellement exorbitant à entretenir. Et il va liquider très rapidement sa chasse qui est ruineuse et qui va, par-dessus le marché, le rendre très repérable au fisc. Ce qui est encore plus tragique, c'est que manifestement il envisage de se suicider. Et ceci me préoccupe d'autant plus que son père s'était suicidé.
- Et comment cela s'est-il terminé ?
- Justement, c'est exemplaire de ce que je veux vous faire percevoir. Dans un premier temps, l'hospitalisation a été décidée et une chimiothérapie antidépressive intensive a été mise en place. Dans un second temps, au bout de deux semaines, le malade est sorti de sa dépression et s'est installé dans une humeur normale. Dans un troisième temps, et ceci n'est pas rare et tout à fait caractéristique d'ailleurs de cette dépression mélancolique qui s'inscrit dans le cadre de la psychose maniaco-dépressive, dans un troisième temps, l'humeur, au lieu de se stabiliser à sa position d'équilibre, s'est installée sur le versant opposé, c'est-à-dire sur celui de l'hypomanie. À ce moment, l'homme s'est transformée radicalement. Non seulement son aspect qui est un aspect animé avec l'œil vif et la parole rapide et bruyante, mais le raisonnement aussi : Les meubles de bureau en bois, on en vendra toujours, quant aux clients qui les achèteront, ce seront des gens de qualité qui deviendront de véritables amis, pour les bureaux métalliques, ce n'est pas difficile, on les fera fabriquer en Italie, on les vendra en sous-traitance ; le couple valet de chambre-cuisinère, des perles qui valent beaucoup plus qu'au prix qu'on les paie, la chasse une merveille pour la publicité. Et comme j'essaie de pousser cet hommes dans ses retranchements, et que je lui parle quand même de tous les obstacles dont lui-même me parlait quelques jours plus tôt, il a cette formule magnifique : un obstacle n'est pas forcément quelque chose de négatif, un tremplin n'est-il pas un petit obstacle qui permet d'en franchir de plus grands.
- On peut difficilement raisonner ces malades.
- On ne peut pas les raisonner du tout. Aucune espèce de prêtre ne peut rassurer un mélancolique ou une mélancolique qui se sent l'âme vile ou pécheresse, aucun palmarès, si brillant soit-il, ne peut convaincre un malade en proie aux idées d'indignité et d'incapacité de sa véritable valeur. Voyez, d'une façon plus précise encore quand il s'agit de phénomène matériel et chiffrable, un de mes malades avait des idées de ruine, et bien son associé et son comptable viennent lui faire une démonstration imparable de sa prospérité financière, imparable. Ceci deux heures avant qu'il n'entre en clinique. Et bien une heure après cette démonstration, il se suicide d'une balle dans la tête, en laissant ce mot : Je n'ai pas de quoi payer l'hospitalisation.
- À propos de suicide, est-ce que précisément le risque est beaucoup plus grand dans la dépression mélancolique que dans les autres dépressions ?
- Absolument. Les déprimés mélancoliques sont plus menacés de suicide que les autres. Ce risque est notre hantise devant toute mélancolie. Surtout naturellement s'il y a déjà eu des tentatives de suicide ou s'il existe des antécédents de suicide dans la famille du malade. En fait, quand on connaît bien les mélancoliques, ce qui est surprenant, ce n'est pas qu'ils se suicident, mais qu'ils ne s'en suicident pas davantage. Quand on sait à quel point est profonde leur souffrance morale, profonde leur conviction d'être médiocre, paresseux, incapable, lâche, comédien, coupable, ruiné, inutile, encombrant, en tout cas impossible à aider, quand on connaît leur àquoibonisme, leur auto-dépréciation et leur pessimisme systématique, ce qui est surprenant en vérité, c'est qu'ils ne s'en suicident pas plus. Or, ils se suicident beaucoup plus de déséquilibrés, de psychopathes que de déprimés et même de mélancoliques. Et notre responsabilité dans le cadre du mélancolique est très engagée, car c'est le type même de suicide que nous pouvons éviter en soignant la crise qui peut se terminer par cette issue dramatique.
- Vous avez insisté sur le pessimisme systématique de ces malades. Mais quelle différence y a-t-il entre le pessimisme du mélancolique et le pessimisme caractérisé de la vie ?
- La différence est capitale. Les pessimistes habituels peuvent être un homme d'action, c'est même un homme d'action recherché. Lyautey disait qu'entre un optimiste et un pessimiste pour une grande entreprise, il choisirait toujours le second, c'est-à-dire quelqu'un qui étudie les problèmes à fond et envisage toutes les difficultés possibles. Ce pessimisme-là peut être plus qu'efficace. Par contre, le pessimisme de la dépression est une véritable paralysie puisqu'il bloque toutes les issues et que la vie à partir de cet état d'esprit n'est qu'un perpétuel dilemme dont on ne peut pas sortir. Mais, à propos de pessimisme, je voudrais vous dire un mot de ce que j'appelle le pessimisme rétroactif.
- « Pessimisme rétroactif », le mot est curieux, puisque, par définition, le pessimisme est une projection sur l'avenir.
- Justement. Ce que j'appelle pessimisme rétroactif, c'est cette capacité très particulière au mélancolique d'étendre la vision pessimiste qu'ils ont d'eux-mêmes et plus généralement de ce qu'on appelle leur sentiment d'auto-dépréciation, non seulement au présent mais au passé. Le mélancolique ne dit pas alors : je suis devenu bête ou incompétent. Il analyse toute sa vie antérieure dans la même optique et il soutient, voire il démontre qu'il a toujours été incapable et incompétent.
- Dans ce cas, le procédé doit être facile à démasquer.
- Pas toujours précisément. Et c'est un des grands pièges dans lesquels on peut tomber. Car le mélancolique est d'une habilité diabolique pour faire sa démonstration. Sa force de conviction est telle qu'il peut vous entraîner à voir les choses comme il les voit et par conséquent à ne pas voir sa maladie.
- Oui mais comment échapper à son piège ?
- C'est évidemment plus facile quand le curriculum du déprimé est connu, c'est d'ailleurs là l'un des avantages du généraliste et plus exactement du médecin de famille. Lui, à l'inverse du spécialiste qui est généralement consulté pour la première fois, a une vue longitudinale sur l'histoire de son malade et par conséquent, il risque moins de se laisser surprendre. Mais il y a heureusement quelques repères essentielles, ces repères tiennent à des données habituelles à l'évolution des mélancolies : premièrement la notion de discontinuité, celle-là même qui s'oppose à la volonté du malade de se poser comme ayant toujours été tel, car la crise mélancolique est quelque chose qui tranche sur le passé des malades, l'installation en est même parfois si brutale qu'on peut en dire le jour et parfois l'heure. Il y a également la notion capitale d'antécédents similaires ou tout du moins comparables, car la mélancolie est parfois le type de maladie cyclique et récidivante et la découverte de crises antérieures permet pratiquement de signer le diagnostic. Également typique, la mise en évidence des épisodes d'excitation hypomaniaque, au cours desquels le malade se sera au contraire comporté en surhomme, au meilleur de son intelligence et de son imagination, hyperactif, n'ayant pas de sommeil et n'en ayant pas besoin, entreprenant, dépensier, agressif et insupportable avec son entourage, ne faisant l'admiration d'ailleurs que des étrangers. Enfin, dernier repère, nous avons le caractère héréditaire de la mélancolie, et par conséquent il est très important de chercher dans les antécédents de ces malades, au niveau des ascendants, au niveau des collatéraux, s'il existe des faits importants tels que la notion de traitement spécifique, d'hospitalisation ou de suicide.
- Monsieur, nous voici au terme de notre entretien et j'ai le sentiment qu'il y aurait encore beaucoup à dire sur la dépression mélancolique.
- C'est vrai. Mais j'ai délibérément choisi de ne pas traiter le problème comme une question où tout serait envisagé de façon à la fois exhaustive et forcément cursive. J'ai cherché une approche directe et concrète de ce qui est essentiel pour la compréhension des mécanismes psychologiques propres à la dépression mélancolique. Je serai plus didactique dans notre prochain entretien et, passant de la psychose maniaco-dépressive, dont je reparlerai, aux caractéristiques des dépressions en généra, j'espère que j'arriverai à vous familiariser avec le symptomatologie globale des états dépressifs.

Transcripteur : Dam-Dam
Paroles en attente d'une autorisation des ayants droit.
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Commentaires

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1 commentaire
Dam-Dam Le 29/07/2019 à 00:05
Les paroles de ce titre qu'on peut mettre dans le programme Déprime puisqu'il en est sujet : [Merci]

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