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Fiche disque de ...



André Maurois - Le professeur de mariage (face B)

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Titre : Le professeur de mariage (face B)


Année : 1959


Auteurs compositeurs : Gérard Sire / J.C. Englenbert / A. Maurois


Durée : 7 m 26 s


Label : Pretoria


Référence : D.S.2



Présentation : M. André Maurois, dans ce cours plein d'humour et de sagesse, préface un véritable "nouveau savoir-aimer" sur lequel pourront méditer tout à loisir les jeunes filles et les jeunes gens trop enclins, en 1959, à ignorer la stratégie sentimentale. Les sillons de ce disque suivent la courbe gracieuse d'un sentier du Tendre enfin retrouvé. Une leçon d'amour dans un microsillon : voilà le véritable mariage du neuf et du déraisonnable…

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Paroles

Mesdemoiselles, Messieurs,

Il peut vous paraître surprenant qu'un professeur d'université fasse un cours sur le mariage. Voilà, pensez vous, un sujet sur lequel la vie se chargera mieux que tout maître de nous éclairer. C'est sans doute vrai mais la vie vous dresserait lentement à coup d'erreurs et d'échecs. Pourquoi ne pas faire l'économie de ces souffrances ? Pourquoi ne profiteriez-vous pas de l'expérience des autres ?

Dans notre première leçon, nous allons étudier les préliminaires du mariage c'est-à-dire la cour et la conquête. En apparence, cette conquête est celle de la jeune fille par le jeune homme. En fait, c'est plutôt la jeune fille qui, d'une amitié ou d'un amour, fait un mariage. Je sais bien que la convention a longtemps été que la femme attend l'homme mais cette attente ne fut jamais passive. La femme attend l'homme, oui, mais comme l'araignée attend la mouche. Ce n'est pas un blâme mesdemoiselles, la femme a raison de contraindre l'homme au mariage, qui seul a chance d'assurer un bonheur stable pour tous deux, elle est parfois amenée à manœuvrer de manière un peu détournée parce que l'homme jaloux de ce qu'il croit être sa liberté se méfie et se défend. La clé de cette position masculine, c'est l'orgueil. Les hommes et j'entends tous les hommes, sont orgueilleux voire vaniteux. Giraudoux a montré, dans l'Appolon de Marsac qu'un homme si laid soit-il auquel une femme affirme qu'elle le trouve beau est toujours prêt à la croire.

Je veux aujourd'hui vous faire voir que le plus court chemin de l'amitié au mariage, c'est l'intérêt que la femme prend au métier de l'homme et l'admiration qu'elle prodigue à celui-ci. Sachez mesdemoiselles que si le mariage est vraiment votre objectif, écouter les hommes lorsqu'ils parlent de leurs techniques et d'eux-mêmes. Qu'il s'agisse d'amour ou de politique, la réussite temporelle en ce monde appartient à ceux -et naturellement à celles- qui savent s'ennuyer. Et plus encore : à celles qui supportent l'ennui avec un air de ravissement. Naturellement, je ne vous conseille pas d'utiliser cette patience pour conquérir un homme qui ne vous plaise pas mais pour vous assurer l'homme qui toutes techniques mises à part, vous plaît. Plus tard, je vous enseignerai à transformer le mari une fois acquis et à lui faire partager vos goûts. Je n'ai pas besoin d'ajouter n'est-ce pas que le schéma qui vous a été indiqué doit être adapté aux circonstances : si au lieu d'un ingénieur vous avez devant vous un homme politique vous lui direz "Comment ? Vous avez eu 17 voix pour le Conseil Général dans le canton de la Bouaye ? Mais c'est admirable ! Si il est agriculteur, vous vous intéresserez avec passion au maïs hybride dont il a importé les graines et à la moissonneuse-batteuse-ensacheuse. S'il est pâtissier, vous direz avec angoisse et vénération "Comme cela doit être difficile d'être pâtissier à Saint-Yrieix-la-Perche ! " et il vous répondra "C'est à en perdre la tête !" et il sera content de vous.

- interlude musical -

- Monsieur le professeur ?…

- Oui mademoiselle ?

- Est-ce que je peux vous poser une question ? Je ne sais si vous vous souvenez de moi, j'ai suivi l'an dernier votre cours de vacances. Je suis Marie-Laure Aulmanne (?)

- Je me souviens fort bien de vous mademoiselle. D'ailleurs votre visage n'est pas de ceux que l'on oublie.

- Je me suis inscrite à cette université pour vous entendre, professeur. Mes parents voulaient m'envoyer à Grenoble mais dès que j'ai appris que vous étiez nommé ici, j'ai tenu à vous suivre. J'ai insisté et comme vous voyez j'ai réussi.

- Je suis vraiment touché, mademoiselle. Le cours vous avait donc intéressé ?

- Intéressé ? Il m'avait enivré, professeur ! C'était à la fois si intelligent, si hardi, si clair et si profond que j'avais été enthousiasmée comme d'ailleurs toutes les camarades. Est-ce que je peux vous poser une question, professeur ?

- Je suis ici pour répondre à vos questions, mademoiselle…

- Oui mais c'est une chose un peu… comment dire ? un peu personnelle. Comment connaissez-vous si bien les femmes et le mariage, professeur ? Vous êtes marié vous-même sans doute ?

- Enfin, je… je l'ai été mademoiselle.

- Oh je m'excuse. Vous êtes veuf..

- Non, euh, pas exactement. A dire la vérité ma femme m'a quitté et après quelques temps j'ai demandé et obtenu le divorce.

- Elle vous a quitté ? Oh professeur, ce n'est pas possible ! Je ne puis comprendre comment une femme ayant eu la chance incomparable d'épouser un homme tel que vous a pu le quitter ! Elle devait être folle !

- Et bien ce fut en effet mon impression. Mais peut-être la vie commune avec un être difficile euh déséquilibré a-t-elle aiguisé en moi les qualités de psychologue et d'analyste que l'on veut bien généralement me reconnaître.

- Certainement ! Est-ce que vous écrivez vous-même professeur les scènes que vous faites jouer devant nous ?

- Bien sûr mademoiselle ! Je les conçoit, je les écrit, je les fais répéter et parfois même je les joue moi-même.

- Oh, c'est merveilleux, mais quel génie vous avez, professeur !

- Ooh génie est un bien grand mot, mademoiselle. Disons euh talent, intuition…

- Non,non, non : génie ! Vous êtes génial ! Votre rôle est en somme bien plus difficile que celui de Shakespeare. Il avait, lui, pour fixer l'attention de son public l'intrigue, une prestigieuse histoire, la curiosité… Vous n'aviez rien que 2 personnages et des scènes dont vous édictez d'avance la conclusion. Et pourtant, si vous saviez comme nous sommes toutes pantelantes, haletantes pendant votre cours !

- Vraiment ? C'est c'est c'est à ce point ?

- Oh vous n'avez pas idée, professeur ! Je vous demande pardon de vous dire ça mais nous sommes toutes folles de vous. Il faut avouer que vous avez une si jolie voix… Tenez, tout à l'heure une de mes amies me disait "le suprême bonheur, ce serait de l'épouser lui mais il est certainement marié" voilà que j'apprends que vous ne l'êtes pas…

- Enfin que je ne le suis… plus ! Euh.. pour tout vous dire, je ne serais pas éloigné de me remarier. J'y ai souvent pensé. Qui est votre amie ? Elle me paraît bien intelligente…

- Qui elle est ? Je suis confuse d'avoir trop parlé. Ma foi, tant pis ! Je n'ai pas d'amie, professeur. C'est moi qui me suis faite à moi-même ces réflexions en vous écoutant.

- Aah voilà qui est troublant, mon enfant ! Par une étonnante coïncidence, vous me plaisez autant que je vous plaît et si vraiment…

- Hahahahah professeur, ceci est trop beau ! Je viens de vous jouer votre propre scène et vous avez marché.

- ça prouve, mademoiselle, qu'elle est excellente !
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