Les cookies nous permettent de personnaliser le contenu du site, les annonces publicitaires et d'analyser notre trafic. Nous partageons également des informations avec nos partenaires, de publicité ou d'analyse mais aucune de vos données personnelles (e-mail, login).
 

Fiche disque de ...



André Maurois - Le professeur de mariage (face A)

Voir du même artiste


Titre : Le professeur de mariage (face A)


Année : 1959


Auteurs compositeurs : Gérard Sire / J. C. Englebert / A. Maurois


Durée : 7 m 38 s


Label : Pretoria


Référence : D.S.2



Présentation : M. André Maurois, dans ce cours plein d'humour et de sagesse, préface un véritable "nouveau savoir-aimer" sur lequel pourront méditer tout à loisir les jeunes filles et les jeunes gens trop enclins, en 1959, à ignorer la stratégie sentimentale. Les sillons de ce disque suivent la courbe gracieuse d'un sentier du Tendre enfin retrouvé. Une leçon d'amour dans un microsillon : voilà le véritable mariage du neuf et du déraisonnable…

Plus d'infos

Écouter le morceau
Partager ce morceau

3 personnes ont cette chanson dans leurs favoris !

Se procurer ce disque via CDandLP.com:

Paroles

- Vous êtes bizarre Marise… Hier vous m'avez permis très gentiment de m'étendre près de vous, aujourd'hui je vous trouve distante, rebelle…

- C'est vous qui êtes étrange, Philippe. Depuis 15 jours vous me faites la cour sans me la faire. Vous vous serrez contre moi, vous cherchez à m'embrasser, vous ne dites rien.

- Que voulez-vous que je vous dise ? Ce n'est pas de paroles que j'ai besoin.

- Alors nous sommes très différents, Philippe. Moi j'ai besoin de paroles. Ce que je veux que vous disiez ? Au moins que vous m'aimez… Vous voulez faire les gestes de l'Amour et vous ne prononcez jamais le mot. Pourquoi ?

- Parce qu'il s'arrête sur mes lèvres. Parce qu'il me paraît usé. Parce que je ne sais pas très bien ce qu'il signifie. Aimer, aimer ? Qu'est-ce que cela veut dire au juste ? Je vous trouve très jolie, Marise et bien balancée, le châssis a de la ligne. De toutes les jeunes filles qui sont sur cette plage, vous êtes celle que j'ai le plus de plaisir à regarder avec qui j'ai le plus de plaisir à me trouver, voilà, je suis un scientifique : je décris honnêtement les phénomènes. Est-ce cela aimer ?

- Quel drôle de garçon vous faites ! Non, ce n'est pas cela aimer ! C'en est le chemin peut-être mais vous ne parlez que de mon corps et en l'appelant un châssis… Vous êtes ingénieur, je le sais bien, tout de même j'espère que vous ne me regardez pas seulement comme une machine bien dessinée ? J'ai des sentiments Philippe… Et des idées. Et je voudrais aussi que vous les préfériez. Et puis je ne veux pas être embrassée au hasard d'un beau soir parce que les étoiles brillent, que l'été est chaud et que vous avez 25 ans…

- 27. Et pourquoi voulez-vous être embrassée ?

- Parce que j'aurais dit une phrase qui vous aura plu. Parce que nous aurons éprouvé une même impression, parce que nous aurons admiré en même temps un paysage, un poème ou un air… Tenez, moi j'ai envie de vous embrasser quand vous dites certaines choses…

- Quelles choses ?

- Et bien quand vous parler avec enthousiasme de votre métier, de vos projets… L'autre jour quand mon père se lamentait sur la pauvreté de la France, vous avez répondu par un petit discours sur les richesses de la France qui m'a vraiment enchanté. Tout ce plan que vous exposiez, ces grands barrages que vous décriviez, ce que vous avez dit sur l'Afrique, sur ces immenses forêts qui sont comme des mines de charbon vivantes, c'était magnifique ! Je n'ai pas tout compris, naturellement mais je vous admirais et j'étais contente !

- Ah oui ? Mon amphi sur les hydrocarbones naturels, vous l'avez aimé ? C'est vrai ? Je ne me serais jamais douté de cela, Marise. Vous écoutiez en silence, je me disais "je l'ennuie. Elle doit trouver que je suis un de ces types qui explique le coup" et au contraire, vous avez tout retenu. Je suis surpris et ravi.

- Cher Philippe mais j'aime qu'on m'explique le coup ! Ce que je trouve admirable en vous c'est que vous savez tant de choses et que vous en parlez si clairement, si simplement. Si papa ou mon frère discourent sur les Sciences ou la politique, je perds pied tout de suite. Quand c'est vous, j'ai l'impression d'être portée au-delà de moi-même; de devenir plus intelligente. Tenez, c'est comme quand nous nageons ensemble : les grosses lames, celles que l'on voit venir du large toute crêtées d'écume me terrifient lorsque je suis seule. Dès que vous placez votre main sur mon épaule pour m'aider à les franchir, non seulement je n'ai plus peur mais je trouve même un curieux plaisir à me sentir soulevée avec vous.

- Oh dans ces moments là, n'ayez pas trop confiance en moi, Marise. Voir votre corps si près du mien me donne une telle émotion que ce matin, sur les vagues, j'ai cru m'évanouir…

- Oh Philippe ! Farouche Philippe ! Adorable Philippe, vous voyez bien que vous pouvez dire des choses ravissantes quand vous vous laissez aller ! Oh tenez, pour cette phrase, je vous permet de m'embrasser (attendez, je vais mettre le parasol entre les ancêtres et nous. Faites attention on pourrait nous voir !) Eloignez-vous un peu… Et parlez-moi de vous, Philippe : ça m'intéresse tellement !

- Sous quel angle ?

- Mais sous tous les angles ! Quand on a pour un garçon euh… Non, je ne veux pas vous faire de compliments ni vous dire des choses trop gentilles, vous n'aimez pas ça. Mais je voudrais savoir tout de vous, Philippe. Votre enfance, vos camarades, vos études, vos idées, vos ambitions, vos goûts… Qu'allez-vous faire après ces vacances ? Donnez-moi votre main, sous le sable, et dites-moi tout.

- Et bien maintenant que j'ai mes diplômes et que j'ai fais mon stage, je vais débuter dans le service d'étude industriel du comptoir bancaire. Ce sera très intéressant parce que cela me permettra de m'initier à la marche d'affaires très différentes les unes des autres et aussi de voyager. Par exemple, ils veulent dans un an m'envoyer aux Etats-Unis pour y étudier le problème des électrodes.

- Les électrodes !? OH mais c'est passionnant, Philippe ! Oh quelle chance vous avez d'aller en Amérique… Moi je la connais si bien par le cinéma qu'il me semble que si j'arrivais à New-York, rien ne me surprendrait. Oh que je voudrais voir ces drugstores où l'on vent à la fois des médicaments, des ice cream et des sandwiches; des gratte-ciels lisses comme des murs de Vermeer, ces porteurs nègres aux lunettes d'écailles; ces locomotives qui ont des cloches au cou comme les vaches suisses conduites par de grands diables en salopettes claires et à casquettes de toile…Et Harlem ! Et Charleston ! Oh tout ça doit avoir tant de poésie…

- Venez avec moi, Marise !

- Hélas, jamais ma famille ne me laissera voyager avec un garçon qui n'est pas mon mari…

Hélas, il n'a pas mordu. Mais vous allez voir qu'elle est tenace et le soir au Casino, tout en dansant, elle essaye un nouveau lancer…

- Et ensuite, voyagerez-vous encore, Philippe ?

- Oui, je dois faire aussi le tour de l'Amérique du Sud. Venezuela, Colombie, Pérou, Chili, Argentine, Brésil etc…

- Non !? Ooh, trop heureux Philippe ! Vous allez voir les villes des Incas, les vieilles maisons portugaises et danser des rumbas avec des femmes ravissantes qui se font dire la bonne aventure tout le long du jour…

- Je crois que je visiterai plus de mines que de ruines et verrai plus de techniciens que de jolies femmes. Je suis content tout de même parce que j'ai l'impression qu'il y a là-bas beaucoup à faire non seulement pour moi mais pour la France. Nous y sommes aimés, nous y apportons nos méthodes, notre expérience et les francs sont plus faciles à trouver pour les sud-américains que les dollars. Ne le répétez pas, c'est encore très secret, mais je vais essayer d'avoir pour mon groupe la construction du nouveau port de Guayaquil.

- Guayaquil ? Ooh c'est merveilleux, Philippe ! Oh que j'aime vous entendre parler de tout ça. Mais comment connaissez-vous si bien ces pays sans y être allé ?

- Je ne sais pas. Je… J'ai toujours aimé la géographie, c'était ma branche forte. Avec les maths. Ce qui au bachot m'a valu une mention très bien. Je n'en tire pas vanité m'enfin c'est tout de même assez rare…

- Rare ? C'est unique ! J'avais bien raison de dire à mon père que vous êtes un type épatant !

- Vous avez dit ça ? Voilà qui est curieux parce que hier soir j'ai écris à ma mère que pour la première fois de ma vie, j'avais rencontré sur cette plage une jeune fille qui, tout en étant ravissante, avait le sens des vraies valeurs. Il faut vous dire que moi en général je ne plais pas aux filles : elles me trouvent trop sérieux.

- Mais c'est justement là votre charme, Philippe. Je n'ai d'ailleurs aucun mérite à le comprendre parce que moi aussi je suis trop sérieuse. Quand j'étais en philo, j'avais deux amies, Berthe et Carine qui me disait "t'en fais pas, l'idéalisme, le matérialisme, ces trucs-là, ça n'a aucune importance. Une fille pourvue qu'elle soit jolie, c'est tout ce que les hommes lui demande" Peut-être. Seulement, je ne voulais pas vivre pour les hommes, je voulais vivre pour moi.

- Vous avez passé votre bachot de philo ?

- Bien sûr. Maintenant je vais continuer, je vais faire un ou deux certificats de Licence.

- Non.

- Comment non ? Mes parents sont d'accord…

- Non, vous ne ferez pas de certificat de Licence

- Mais vous êtes fou Philippe ! Et pourquoi ?

- Vous ne ferez pas de certificat de Licence parce que vous allez vous marier.

- MOI ? Ah mais il n'en est pas question ! Avec qui ?

- Avec moi.

Vous avez pu observer comment, au deuxième lancer, elle a ferré son homme !

Transcripteur : FrVi
Paroles en attente d'une autorisation des ayants droit.
Nous nous engageons à en retirer l'affichage en cas de demande de leur part.
 

Commentaires

Voir tous les commentaires

7 commentaires
Hilaneste Lefurion Le 07/06/2015 à 20:30
Il en a de la chance, ce Philippe ! Il parle avec une jeune femme qui respecte la forme interrogative ! Existe-t-il encore une perle de bidonnette capable d'une telle chose ? Si oui, jeune homme bien comme il faut serait enchanté de discourir de la sorte. Contactez-moi par bidebox, je me ferai un plaisir de faire votre connaissance et d'alimenter une conversation qui ne pourra être que charmante et dénuée de sous-entendus inconvenants. ^^
Claude Bukowski Le 07/06/2015 à 20:49
"Vous ne ferez pas de certificat de licence parce que vous allez vous marier" ; ha Puteborgne ! C'était quand même une sacrée belle époque, avec ces filles mariées à 18 ans qui consacraient le restant de leur vie à leur mari et leurs enfants au lieu de perdre leur temps dans de futiles études ; tout comme ma Maman, tiens, mariée en 1959 (année de sortie de cet opus) à un tyran domestique qu'elle continue à servir dévotement aujourd'hui alors qu'elle avait toutes les capacités requises pour réussir une belle carrière.

Quelle tristesse que toutes ces belles valeurs familiales soient aujourd'hui envolées en fumée ! On devrait faire écouter (et lire) André Maurois aux demoiselles de notre temps.

C'est sûr, il fallait bien un académicien pour pondre pareil chef d'œuvre.
cherrysalsa Le 07/06/2015 à 22:22
Il est chaud patate comme une baraque à frites avec les moules, le Phi-phi!
Claude Bukowski Le 07/06/2015 à 22:30
En tous cas, il parle beaucoup de lui-même, il se vante de ses résultats, son verbiage technique est plus qu'approximatif ("étudier le problème des électrodes"), il avoue ne penser qu'au physique de la demoiselle et ne pas avoir envie de causer (alors qu'il ne fait que ça)… c'est sûr, il sait parler aux dames !
Fillmorejive Le 08/06/2015 à 20:19
Enorme. Ça déguste comme du petit lait
hug Le 19/06/2015 à 09:05
"La cruche et le macho" serait un titre alternatif à cette œuvre.
Noway Le 10/10/2017 à 02:53
"Vous êtes ingénieur, je le sais bien, tout de même j'espère que vous ne me regardez pas seulement comme une machine bien dessinée ?"

LOL

Il faut être identifié pour ajouter un commentaire !